Les orishas, ou orixás, sont des divinités afro-américaines originaires d’Afrique, et plus précisément des traditions religieuses yoruba. On les retrouve dans plusieurs pays africains ainsi que dans de nombreux pays américains, où ils ont été introduits par la traite des Noirs, qui a frappé les populations yoruba de façon particulièrement lourde. Ils sont vénérés en Afrique, en particulier au Nigéria et au Bénin. Dans les Amériques, on les rencontre surtout dans le candomblé brésilien, sous le nom d’orixás. Ils sont également les divinités de la santeria des Caraïbes. Les orishas sont proches des vodun du Dahomey, que l’on retrouve dans le vaudou.
Ce sont des êtres d’essence divine qui représentent les forces de la nature. Dans les pays d’Amérique latine, la pression exercée par le catholicisme s’est traduit par un rapprochement entre les orixás et les personnages vénérés dans la religion catholique (Notre-Dame, ou encore les différents saints).
Particularités des orishas dans la santeria (voir article « LA SANTERIA »)
Dans la santeria, ils prennent une part active à la vie quotidienne des pratiquants, par contraste avec la déité supérieure qu’est Olodun (ou Olodumare) qui reste distant des soucis quotidiens des humains sur Terre.
Elegguá
il est le dieu du destin, qui est le messager de tous les autres orishas. On l’invoque toujours au début de chaque cérémonie. Il est lié à Echu de façon irrémédiable. De ce fait, Echu incarne les problèmes humains et les tragédies. À eux deux, ils représentent la relation inévitable entre le bien et le mal. On l’associe au rouge et noir et il correspond à saint Antoine de Padoue.
OchunC’est la déesse des eaux douces, de la féminité, de l’amour et de la rivière, assimilée à la Vierge de la Caridad del Cobre (sainte patronne de Cuba). Très belle, symbole de la sensualité, de la féminité et de l’amour. Sa couleur est le jaune en référence à l’or. Femme d’Orula et amante de Chango et de bien d’autres. Elle est le symbole de la coquetterie, de la grâce et de la sexualité féminine. Elle vit dans la rivière et assiste les femmes enceintes et les mères. Elle est représentée par une belle mulâtresse sensuelle qui aime la fête et la danse. On l’associe au jaune et doré et elle correspond à la vierge de la Charité et du Cuivre.
Dieu de la guerre, du tonnerre, du feu, de la foudre, de la danse et de la beauté virile. Associé à Santa barbara (patronne des pompiers et des artificiers dans le christianisme). Couleur, le rouge et le blanc. . Il est vaillant, bon ami et guérisseur, mais aussi menteur, querelleur, vantard et coureur de jupons, car ses amantes sont innombrables
Yemayá est la déesse de la vie et des eaux. Elle est considérée comme la mère de tous les orishas. Elle représente la mer, source fondamentale de la vie et comme les cours d’eau, elle est indomptable et rusée. On l’associe au blanc et bleu et elle correspond à la vierge Marie.
Orula
Mari d’Ochun, ce cocu bienheureux est l’un des Orishas les plus demandés et estimés de la Santeria. Associé à Saint François d’Assise. Il est celui qui prédit l’avenir, que l’on consulte avant d’effectuer un voyage ou d’entreprendre quelque chose. Il possède le secret de la divination, mais est aussi considéré comme un grand médecin et le maître des quatre vents. On l’associe au vert et jaune et il correspond à saint François d’Assise.
Obatala ou Ochala
Identifié à la Vierge de la Merced. Divinité de la création, il possède beaucoup de qualités ; entre autres, il milite pour la paix et l’harmonie. Apprécié et respecté par tous les autres Orishas. Couleur : le blanc.
il est le dieu créateur de la terre et sculpteur de l’être humain. Il est l’orisha de la tête, des pensées, des rêves et de l’intelligence. Il symbolise la pureté.
Un des plus populaires. C’est Saint Pierre, dieu du fer, de la sagesse et des montagnes. Ses colères sont terribles. Amant d’Ochun également. Il est solitaire, violent et astucieux. Il est un symbole guerrier et le seigneur des clés, des cadenas et des prisons. On l’associe au vert, noir et violet et il correspond à saint Pierre.
Obba ou Oya
Déesse des lacs, symbole de la fidélité conjugale. Deuxième épouse de Chango, profondément amoureuse de l’inconstant, elle soigne sa déprime en errant dans les cimetières. Représentée par Catherine de Sienne, elle est devenue l’intermédiaire avec l’esprit des morts.
Babalu Aye
Dieu des lépreux, de la médecine et des récoltes. Identifié à Saint Lazare.
Olofi
il est un des trois dieux supérieurs avec Olordumare et Olorún. Il personnifie le créateur, le Dieu tout-puissant. Il est la raison d’être de tout ce qui existe et tout aboutit à lui. Il a créé le monde et a réparti les pouvoirs entre les orishas. Il faut absolument un intermédiaire pour arriver jusqu’à lui.
Ochosi
Il est le fils de Yemaya (déesse de la mer). Associé à Saint Norbert.
Oddua
Lié à Orula dans l’esprit des gens, dieu des morts et des esprits pour ressusciter les moribonds. Symbolisé par Jésus.
Inle
Patron des médecins et des … poissons. Il protège aussi les économistes et les pêcheurs. Représenté par l’archange Raphaël.
Osain
Il est le dieu de la nature. Il n’a qu’une seule main, un seul pied, un seul œil, une grande oreille et une petite. On dit qu’il n’a pas de parents, mais qu’il est sorti de la terre tel un brin d’herbe. Il est le dieu de la pharmaceutique par les plantes. On l’associe au vert et il correspond à saint Sylvestre.
Oko
C’est le dieu de l’agriculture et de la fertilité. Bien sûr invoqué par les femmes stériles et par ceux qui ont faim. Identifié à Saint Isidore.
Oke
Il est considéré comme le dieu des montagnes et des chasseurs et assimilé à Saint Jacques.
Aggayú Solá
Il est identifié à Saint Christophe.
Osún
ilest le dieu de la divination et des connaissances réelles et transcendantes. Il surveille la tête des croyants. On l’associe à toutes les couleurs et il correspond à saint François.
Olokun
C’est la divinité des océans. Responsable d’épouvantables tempêtes menacant d’engloutir le monde, il est maintenu au fond de l’eau par Obatala (le grand chef), qui le neutralise pour l’empêcher de faire du mal.
Olordumare
il est littéralement l’univers. Il a une grande intelligence et évoque l’indéchiffrable. Il est si grand qu’on ne peut pas lui parler directement.
Olorún
il est le soleil. Il est la manifestation la plus sensible et matérielle d’Olofi et d’Olordumare. Il est la force vitale de l’existence et c’est grâce à sa chaleur et son énergie que toute vie est possible. Il est seigneur de la lumière, des couleurs et du souffle de la vie.
Les Egguns sont les esprits des morts. Il faut faire appel à des médiums pour entrer en contact avec eux. Certains sont facilement manipulables à de mauvaises fins…
À Cuba, il ne reste que 40 des 400 orishas qui existaient en Afrique. Mais seulement une vingtaine font vraiment l’objet d’un culte. La magie joue un rôle fondamental dans cette religion afro-cubaine particulière. Assurément, la Santería est basée sur des légendes lointaines, des rites, des oracles et des danses un peu extatiques. Son panthéon de dieux et déesses est impressionnant et rappelle celui des dieux grecs, comme l’affirme Natalia Bolivar, spécialiste du syncrétisme religieux à Cuba :
« J’avais été frappée par la similitude entre l’Antiquité grecque et les dieux africains. Les orishas sont comme leurs collègues du Panthéon : ils se marient, font des enfants, pratiquent l’inceste, le père vit avec la fille, la fille avec le frère. Ils se répudient, se réconcilient, font des oracles, déterminent la vie des mortels. Il y a des similitudes troublantes entre ces deux mondes de liberté absolue. […] Bref, les orishas sont les agents des forces cosmiques et naturelles, la pluie, le tonnerre, la montagne, le feu, la forêt. […] Il n’y a pas vraiment de hiérarchie entre les dieux afro-cubains. Le plus important, c’est celui qu’on a dans la tête. Ou dans le corps. » (Dimitri FRIEDMAN, Cuba, Carnets de voyage p. 107-108)
En réalité, chaque orisha a son histoire, sa parenté, ses amours, ses amants, ses qualités et ses défauts. Beaucoup de légendes entourent ces êtres mythiques et expliquent leurs raisons d’être. Elegguá est le fils d’Obatalá et de Yemú, frère d’Oggún qui lui, amoureux de sa mère, avait essayé de la violer. Leur frère Orula est le seul à posséder les secrets divinatoires d’Ifá. Yemayá donne des punitions dures et sa colère est terrible, elle a été la femme de Babalú Ayé, d’Agayú, d’Orula et d’Oggún. Chango est joueur, homme séducteur auprès des femmes, il a plusieurs maîtresses même si ses femmes officielles sont Oyá, Obba Yurú et Ochún. On dit qu’Ochún lorsqu’elle était vierge, aimait danser nue dans la rivière et couvrir son corps de miel pour attirer les gourmands, elle est amante de Chango et amie intime d’Elegguá. Osain est célibataire et n’a aucune pulsion sexuelle, car il est né du sol et non de l’union sexuelle de deux êtres. Toutes ces particularités font de la Santería une religion vivante et sans limites. « Chaque orisha est caractérisé par de nombreux traits : objets, matières, jours de la semaine, couleurs, parures ornementales, bijoux, préparations culinaires très particulières, chants, etc. Toutes choses qui manifestent sa présence ». (Philippe GLOAGEN, Le guide du routard CUBA, p. 113)
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